L'ATLAS POÉTIQUE DES SOLIDARITÉS :
QUESTIONNAIRE
Plutôt que tenir un discours global, aussi informé soit-il, sur la solidarité en général, nous nous proposons d’interroger des personnes vivant des cas particuliers de solidarité et de rendre compte de leur savoir solidaire. Il s'agit au moyen de ce questionnaire de rendre visible la trace d'une instance qui court sur les terrains du politique, du social, de l'artistique, et de faire droit aux enjeux du présent solidaire.
La liste de ces questions est destinée à s’étoffer au fur et à mesure de la résidence, afin de diversifier et d’affiner notre objet.
— Qu’entendre selon vous par solidarité ? Votre définition personnelle ?
— Qu’est-ce qu’une action sociale, une action solidaire ?
— Comment se pencher sur les solidarité en présence dans tel contexte sans pour autant tomber dans la complaisance, la complicité ?
— Comment trouver la bonne et juste distance, entre empathie et diagnostic, réception et réparation ?
— Comment éviter la naïveté d'un monde non conflictuel ?
— La solidarité : « une énergie du commun » pour « tisser des mondes communs » ?
— La solidarité : « Un NOUS de la revendication sociale » ?
— Comment se distingue selon vous la solidarité de l’hospitalité ?
— Comment rester soi pour le tout ? (L'expression "pour le tout" forme étymologiquement une des racines du mot "solidaire")
— Qu’est-ce qu’un délit de solidarité ? Ces deux mots sont-ils compatibles ?
— Quelle place pour la parole dans toute action solidaire ?
— Qu'y aurait-il de solide dans la solidarité ?
— En quoi un acte solidaire contribue-t-il, selon vous, à participer à la production ensemble d'une vie vivable ?
— L'acte solidaire exige-t-il, selon vous, une réciprocité, de s'ouvrir au risque d'une réciprocité mutuelle ouverte ? Est-on relevable de l'acte solidaire dont on a pu bénéficier ?
— Dans Simplement culturel, Judith Butler suggère que la solidarité ne devrait pas être fondée sur l'effacement des différences entre les identités, mais plutôt sur la "synthèse d'un ensemble de conflits" et invoque une "pratique de la contestation" au sein de laquelle chaque position politique révèle sa propre "différence de soi" et ne poursuit pas l'assimilation identitaire. Ainsi conçue, la solidarité devient-elle une production culturelle capable de transformer le conflit en politique positive ?
— Dans ses Notes vers une théorie performative, Judith Butler parle d'une éthique de la solidarité comme d'une force qui affirme la dépendance mutuelle et réciproque. Lorsque nous agissons ensemble dans des conditions qui sont dévastatrices, n'est-ce pas précisément "le rassemblement des corps sous la contrainte" qui a la valeur de "la persistance et de la résistance" ?
— Le journal Libération a organisé une soirée débats consacrée aux initiatives citoyennes et solidaires, ce qu'elles disent de nos sociétés, de notre rapport à l'engagement et à la démocratie, le 19 mars 2019 à l'Institut du monde arabe. Ce Forum portait en son front les mots suivants : « La solidarité, c’est cette conscience d’une vulnérabilité commune à tous les hommes, c’est la nécessité de penser et agir comme si nous étions un seul homme, unis par un même destin ; les mêmes précarités, qu’elles soient sociales, économiques ou environnementales. » Cet énoncé vous convient-il ?
— Auriez-vous à nous faire partager un récit où un geste solidaire (dont vous seriez à l'origine ou dont vous auriez été le bénéficiaire) aurait été particulièrement marquant et fondateur pour vous ?
— Penser et agir solidairement, en quoi c'est aussi repenser la solidarité et la justice au-delà des attachements culturels, sexuels, sociaux et raciaux ?
— Faire preuve de solidarité, en quoi c'est surmonter l'interdépendance, ou même la vulnérabilité, notamment lorsqu'on lutte contre la précarité ?
(...)